Claire Gastaud

Selection oeuvres Tania MOURAUD exposition Octobre 2024

La galerie Claire Gastaud présente pour troisième fois, une exposition personnelle de Tania Mouraud (« Borderland » en 2017  « Peinture » en 2019)  Cette exposition charnière dans la carrière de l’artiste, regroupe une cinquante d’œuvres.
De Tania Mouraud, nous connaissons les écritures déployées à l’échelle de l’architecture, les paysages grandioses et les vidéos frappantes.

Pour la toute première fois, elle nous présente au sein de l’exposition "Pourquoi les collines pleurent-elles ?" des dessins réalisés à la main et des formats intimistes, qui nous invitent à nous rapprocher.
Dans la continuité de sa recherche sur la plasticité des écritures, les lettres se mêlent et s’emmêlent au sein de la série Pasik (2024). Le poème, de source yiddish, se brouille comme un regard embué de larmes. Illisible, il exprime par-delà les mots la tristesse ressentie par l’humanité devant les guerres qui n’ont de cesse de se répéter. L’insistance du geste évoque une rature, celle de la réécriture perpétuelle d’une même histoire, jusqu’à la saturation ou l’oblitération.

Plus loin, le papier dessine en relief, toutes de blanc vêtues, des lettres gaufrées (Gaufrages, depuis 2023). Disposées les unes à côté des autres, elles dessinent des mouvements ou des architectures. Entre les creux et les contours des lettres, le regard se perd. Signe et surface se mêlent. L’un procède de l’autre. Ils ne font qu’un et ne sont jamais séparés.

Les ballots de paille plastifiés de la série des Borderland (2007-2010) reflètent ainsi la campagne environnante, comme un œil reflète ce qu’il regarde. Ici encore, surface et objet représenté font corps. Sur cette matière plastique qui pollue le monde de ses plus hautes cimes à ses abysses les plus profondes, se déploie un paysage comme peint à l’huile, qui frôle l’abstraction.

De même, c’est notre propre reflet que nous rencontrons lorsque nous contemplons les Mots-Mêlés (2018) ces extraits de poèmes et d’opéra transformés en espaces géométriques et peints sur tôle.

Paysages et lettres se répondent. L’espace sombre, saturé de signes de DERTSEYLN 9478 (série Canvas, 2021) rappelle les marécages de Film Noir (2011-2021). La série des Shmues (2020) où les lettres tranchent l’espace fait écho aux Hybridations (2008-2019) où des lignes blanches se découpent en négatif.Tania Mouraud réussit l’exploit de se réinventer sans cesse tout en nous invitant dans un univers cohérent. Ses œuvres récentes dialoguent avec des pièces plus anciennes, aussi bien formellement que par l’écho d’une philosophie commune.
Cécile Renoult - 2024