Grège Gallery Srl

Ce qui s’efface demeure

Wat Verdwijnt, Blijft Bestaan

Dans l’architecture brutaliste du Fosbury & Sons Boitsfort, pensée par Constantin Brodzki comme une sculpture habitée, "Ce qui s’efface demeure" explore la mémoire contenue dans la matière. À travers la toile, la jute, le lin et le papier, les artistes convoquent des surfaces où le geste laisse une empreinte, où l’effacement devient révélation.

Juliette Lemontey travaille sur des toiles anciennes, draps de lin et de coton marqués par le temps, où ses figures sans visage flottent comme des souvenirs incertains, entre apparition et disparition. Chidy Wayne, lui, s’attaque à la rugosité brute de la jute, y inscrivant des formes gestuelles qui semblent se débattre avec leur propre matérialité.

Avec son tissage sur lin, Toufan Hosseiny crée un langage fragile où les fils s’entrelacent, se perdent et se retrouvent, comme une métaphore des histoires humaines qui s’effilochent et se recomposent. Silvia de Marchi, quant à elle, malmène le papier, le détériore, le creuse pour en faire surgir une nouvelle surface, une peau recomposée, où la destruction et la création coexistent.

Jamie Mills explore les interactions entre matière et environnement, en récupérant des éléments naturels et inorganiques qu'il fragmente et réassemble. Ses compositions évoquent des paysages à la frontière du tangible et de l’imaginaire, où la détérioration devient un processus de métamorphose.

Moritz Berg capte la poésie du quotidien à travers des œuvres minimalistes qui interrogent la relation entre l’homme et la nature. Son travail joue sur la lumière, les textures et les imperfections, révélant l’évanescence des instants fugaces.

Giorgio Petracci puise dans la mémoire de son territoire, l’Adriatique, et dans les matières qui le façonnent. Il travaille le bois, la photographie et la peinture pour capturer l’empreinte du temps, entre disparition et persistance, entre absence et présence.

Armando Mesías s’attarde sur l’effacement, le passage du temps et l’ambiguïté des souvenirs. Il joue avec des images et des traces fantomatiques, entre figuration et abstraction, interrogeant ce qui nous échappe et ce qui demeure.

Roan van Oort façonne des paysages abstraits avec des matériaux bruts : pigments, sable, chaux. Ses œuvres, fragiles et intemporelles, semblent respirer avec la lumière et l’espace, évoquant un état de transformation perpétuel.

"Ce qui s’efface demeure" interroge cette tension entre la disparition et la persistance, entre le tangible et l’évanescent. Comme les murs de béton qui portent la mémoire d’un geste architectural radical, les œuvres ici exposées nous rappellent que la matière, même altérée, conserve une trace. Ce qui s’efface ne disparaît pas, mais s’inscrit autrement – dans la fibre, dans le pli, dans la mémoire de ceux qui regardent.